Considérations d'hommes saoûls

dimanche 21 juin 2009

C'est fou ce que les Japonais boivent.



Je veux dire... on a pu faire les malins, à Grenoble, dire qu'on était jeunes et forts et que du coup on buvait beaucoup, mais... mouais. Ici, un Jap' de 40 kilos tout mouillé boit tout simplement plus que nous, européens de quasiment deux fois leurs poids. Plus, en quantité, par soirée? Pas forcément. Mais ce qui est sûr, c'est que les gens boivent bien plus régulièrement.

J'ai rencontré un "ancien" de l'imag, qui me racontait comment ça pouvait se passer dans sa boîte... anecdote: une veille de deadline; énorme rush pour compléter le produit avant de le livrer. 40 heures de boulot non-stop, sans quasiment dormir. Livraison dans les temps, paf, lui se dit "ouah je vais enfin pouvoir aller dormir". Et bien non. Le boss, nowhere to be seen during the last hours, débarque au bureau, jette un coup d'oeil très rapide à ce qui a été fait, et ni une ni deux "j'ai envie de boire". Et voilà toute l'équipe, qui, bien forcée et contrainte, plutôt que de prendre du repos, suit le senpai au bar. Et ce qui est hallucinant là-dessus, me racontait-on, c'est que les collègues Japonais, complètement lessivés, arrivent encore à accueillir la nouvelle avec une apparente bonne volonté bluffante. Est-ce seulement une apparence? (toujours se réjouir de la proposition d'un boss) Difficile à évaluer, je n'étais pas là. Mais c'est un tel honneur que de partager un verre avec son patron, que je pourrais presque imaginer un schéma de pensée qui éclipse totalement la fatigue individuelle pour mettre en avant les intérêts polis/carriéristes/traditionnels avant tout. Impressionnante abnégation, n'est-il point?

(Et peut-être faudrait-il que j'écrive, un jour, de quelle manière les français sont risibles avec leurs 35 heures par semaine... mais je vais me faire étriper :) Continuons avec le sake)



Oui, parce qu'il faut que je vous explique, en France, on utilise le mot sake pour désigner cet alcool étrange au riz, souvent de bien mauvaise qualité. Mais bien évidemment, ici, le mot a un autre sens. Sake, c'est tout simplement "alcool". Alors, par extension, les occidentaux désignent l'alcool traditionnel Japonais par le mot Japonais "alcool"; mais les locaux ne comprendront pas si on leur demande du sake :) Donc, ce truc au riz, là... ça s'appelle nihonshu, (avec le premier h aspiré), pour "alcool japonais".

C'est toute une culture, quasiment comme le vin français. C'est loin d'être de l'alcool à piquette cheap: c'est vraiment un art ici, des goûts, des couleurs; certains en sont passionnés, et on sent parfois que seul l'étiquette et la timidité leur interdit de déballer leur passion tout un repas durant.



Il n'y a pas d'unité de mesure de volume pour cet alcool par exemple. La façon de compter est très imprécise: "j'en veux un; j'en veux deux". Et du coup, une tradition un peu surprenante est apparue: pour éviter les protestations "Non mais « un » c'est plus que ça", quelque soit le contenant, on le remplit à ras-bord. Ici, il y a le verre, et un cube en bois: on sert dans le verre, jusqu'à ce que ça déborde dans le cube, et encore... jusqu'à ce que le cube déborde. Quand c'est pas un cube, c'est une petite soucoupe. Et ça devient très "inpratique", quand il faut déplacer les verres, ou tout simplement boire: on en met de partout....



D'ailleurs, le daisensei de Gabriel, une fois bien éméché, nous a encore raconté une facette Japonaise passionnante, en partant de ce constat de "double contenant" pour le sake. (aparté: daisensei, c'est "maître". Il y a plusieurs niveaux d'appellations entre personnes. Entre collègues, c'est Nikola-san, Daisuke-san, pour signifier "mon égal". Le supérieur hiérarchique, (ou la), c'est le senpai, "mon aîné[e]"; mais par politesse on les appelle souvent sensei "expérimenté"; et le daisensei est vraiment le maître incontesté du domaine: pas par hiérarchie, mais par mérite, même si les deux sont souvent liés. Par politesse encore, on n'adresse pas directement la parole aux gens en leur disant "xxx-daisensei", ce serait trop en faire, on en reste à "sensei", et daisensei est reservé pour la 3e personne)

Mais bref. Je parlais de contenants-contenus. Après nous avoir parlé, la dernière fois, de la beauté éphémère des sakuras (à la fois si symbolique de la jeunesse qui file, mais tellement belle et surprenante que les Japonais en sont effrayés: une légende par exemple raconte que ces fleurs ne peuvent pas être naturelles, et qu'elles tirent leurs forces d'ailleurs. Cette légende raconte que les cerisiers, chaque année, puisent l'énergie et la personnalité des cadavres sous terre pour créer ce renouveau à chaque printemps...), il a tenté de nous communiquer, ce qui serait selon lui, une caractéristique de la culture Japonaise. La passion pour la dualité. Pour le dedans-dehors, pour ce qui a une deuxième vie après la mort. Et nous apprîmes donc, qu'apparement, certains équipages de tanks Japonais, pendant la seconde guerre mondiale, peignaient le dessous de leurs tanks. Et ceci, uniquement pour pouvoir faire passer un dernier message, un dessin, une fois le tank éventré et retourné. Et... ça avait l'air de le passionner. C'est dommage, j'aurais bien aimé trouver d'autres informations, lire plus sur le sujet, en parler plus, mais je manque de mots-clés :)



Et c'est vrai qu'on voit souvent des scènes assez sur-réelles.



À l'inverse des sociétés occidentales, il n'est pas mal vu d'avoir bu. "Nous on est gentils avec les gens saoûls, pourquoi? Ils ont rien fait de mal?" m'a-t-on-dit. Par contre, boire n'est pas forcément festif. Boire avec les collègues de travail, c'est le travail. Ils sont saoûls, ils rigolent... mais c'est le travail. Parfois une contrainte. Si tu rates une session dans un bar le soir, ce sera très mal vu.

Ce que j'adore, c'est de voir ces groupes de 4 à 8, qui titubent complètement en chemin vers la bouche de métro, parlent vraiment fort (ce qui est, ai-je besoin de le préciser, très impoli? :p ), et... au moment de se séparer, chacun fait un gros effort pour prendre 15 secondes de sérieux: on referme les vestes, se met droit, resserre les jambes, bras le long du corps, mains sur les cuisses. Un coup d'oeil au senpai, au sensei, il s'incline, je m'incline plus bas que lui. Il se relève, j'attends, puis me relève. "bonne nuit, merci beaucoup, désolé".
Il part, on attend qu'il soit hors de vue, puis tout le monde se relâche et redevient aussi saoûl qu'avant; titubants; dormant par terre, et je passe les détails moins classes.

Politesse, quand tu nous tiens.

Allez, tch'o.

(Photos: james justin, Gaby x 3, melody_am, et gaiyang45)

ブラック

mercredi 3 juin 2009

Juste, un billet rapide. On vient de se battre pendant 5-6 minutes, à 4 français, pour comprendre ce que pouvait bien pouvoir dire ce mot: ブラック
Trois sons, en pseudo-français la prononciation donne bou-la'kou, avec le "l" en mode "r" roulé et l'apostrophe pour marquer une cassure.

Bon bah ça vous parait peut-être évident, mais on a bien ramé. Il faut bien sûr lire black. Ahah. Mais bien sûr. Évidemment, sommes-nous bêtes.

Burakumin

mercredi 20 mai 2009

Je viens de lire un article du Japan Times qui est fort intéressant, étant donné les explications implicites qu'on peut en tirer. Il est en anglais, Google crosses line with controversial old Tokyo maps. Pour résumer, Google a publié récemment des fonds de carte (pour Google Earth) tirés d'anciennes archives japonaises: au lieu d'avoir une vue satellite, on peut choisir d'utiliser des vieilles cartes féodales japonaises, faites à la main il y a quelques siècles. Et bien ça a tout simplement fait scandale, parce que les cartographes de l'époque distinguaient les castes: concrètement, le quartier/ancien village d'Asakusa, au nord de Tokyo est marqué sur ces cartes avec la mention "eta" (pleins de souillures), un vieux mot japonais apparement extrêment violent, qui désigne péjorativement une sous-classe japonaise, les Burakumin.



L'article "burakumin" de wikipédia est pas mal: pour résumer, les gens qui touchaient au sang et au cuir étaient dépréciés, et devaient vivre à part, rester entre eux, et approcher le moins possible les autres gens. Là ou ça se corse, c'est que, selon cet article du Japan times, les Burakumin sont encore victimes de discriminations au Japon, et qu'être descendant de burakumin peut apparemment vous rendre la vie bien difficile. Donc levée de boucliers japonais, non à la discrimination, identifier Asakusa comme un quartier de souillés, c'est discriminatoire, et, devant la pression, Google a du modifier ces fameuses cartes pour effacer les mentions discriminatoires. Bon jusque-là, il y a le comportement très japonais "mieux vaut fermer les yeux sur ce passé si honteux plutôt que de l'expliquer à nos enfants", mais ceci mis à part, je peux comprendre ce qu'il s'est passé, et être d'accord avec la volonté de ne pas faciliter les discriminations. Okay.




Pour comprendre ce qui m'a fait tilter, il faut que je vous explique ce qu'est le matsuri: c'est série de processions traditionnelles, au départ shintoïstes, qui se font village par villages, et où le principe est de porter le temple/la relique (mikoshi) de quartier autour de chez soi, quartier par quartier, puis de se retrouver tous ensembles, pour rivaliser dans des joutes festives, de forces, d'adresse, etc... avant d'amener les mikoshi au temple central où la procession se termine par une bénédiction.



Ca dure tout le weekend, selon les endroits c'est super accueillant, c'est plein de musiques et d'animation, on peut faire des supers photos, bref, sympa.


Enfin revenons à nos moutons.



C'est ce genre de photos, prises au matsuri... d'asakusa, (plus précisement, ce blog par Syla) qui lie aujourd'hui matsuri, asakusa, burakumin, et... Yakuzas.
Et oui. Parce que si vous pensez que les "petits" gars du dessus sourient pour la compétition, vous vous trompez bien comme il faut. Si je faisais dans le dramatique, je vous dirais qu'en continuant dans cette direction, vous finirez... comme ça.

Mais oui, incidemment, le Kanja matsuri, le matsuri d'asakusa, est _le_ matsuri, et a priori le seul matsuri où vous verrez ces tatouages affichés publiquement. Et pour cause: les matsuri sont les seules occasions où ils sont tolérés, puisque le seul rôle de ces tatouages est d'afficher l'appartenance à la "mafia" japonaise, la filiation, et codée, les hauts faits de chacun. Je ne peux que conseiller l'article wikipédien yakuza pour plus d'informations... Les yakuzas ont une position ambiguë, jouant sur leur côté robin des bois pour faire oublier leurs actions sous la table... Ryōichi Sasakawa par exemple, l'un des plus connus des "parrains" japonais, est le plus gros donateur individuel de l'ONU :) Du coup, il y a toujours des gens pour écrire que ces gens-ci sont des bienfaiteurs... Je doute humblement.

Mais bref. Le lien avec l'article du jour? C'est simple. Les Yakuzas sont des descendants de Burakumin. La tradition Yakuza vient de deux facteurs: le nombre grandissant de ronins, samourais déchus, d'une; et de l'autre le ras-le bol des burakumin d'être ignorés, de deux. Officiellement, il y a plus de 70% de descendants de Burakimin dans le plus gros syndicat yakuza japonais.

Donc pour faire court... je pense que vous devez trouver comme moi, extrêmement "fortuit", que lorsqu'on insulte publiquement la majorité des habitants d'Asakusa de "souillés", population qui est majoritairement pour le moins sympathisante yakuza, il y ait autant de pression sur les épaules du pauvre petit nain Google. Oh oui, vraiment... c'est ballot, mince alors.

(Photos: Okinawa soba, yonezawa shinichi, manganite, elmimmo)



À 13h, on a décollé du bureau, on a hésité avant de choisir notre resto... On a opté pour la suggestion de Takehide, un coin à tempura à 3-4 blocs du NII. On marche jusque là-bas, on attend un poil, on s'installe, commande, mange... Takehide finit avant nous, et nous attend l'air un peu gêné. On finit... On paye, on sort, on rentre au NII. Je passe me prendre un café, et je redescends à mon bureau. Assis, je jette un œil à l'heure: Il est 13h25.

Midi express. Dans les rues, les gens vont manger en petits groupes de 2, 3 ou 4, rigolent entre eux sous le soleil... Mais une fois assis, on mange vite, très vite. Il n'y a pas du tout cette sorte de tradition qu'on peut voir ailleurs, cette tradition du moment de manger, moment de pause où l'on prend le temps de discuter.



Je pense qu'on pourrait faire une analyse rapide, à l'occidentale, du comportement, et résumer ça comme une conséquence de la société moderne, “ Le Japon, ce pays qui bouge si vite ”. Bof. Je ne serais pas convaincu. De manière générale les endroits autour du boulot sont des endroits où on mange "efficace". Il y a des endroits où on reste debout pour manger. La plupart du temps on est assis alignés à un comptoir tout autour d'un îlot central dans lequel 2-3 cuistots s'affairent. De temps en temps, cuisine et tables sont séparées, mais le style est souvent plus proche d'une cantine que d'un restaurant à l'européenne: des tables longues en bois avec des bancs. (Non non, c'est pas une ambiance communiste à la chinois ou qui rend "industriel": il y a des restos tenus par des p'tits jeunes avec des accessoires plus ou moins design, une ambiance sonore sympa [beatles/doors]; juste, de base, il y a ces longues tables) Si possible, on évite les vis-à-vis entre les gens qui mangent: il arrive qu'il y ait un écran plastique dépoli au milieu de la table pour éviter de voir la personne en face de nous manger.

Oui, je sais, vous devez faire des grands yeux "pourquoi tant d'inhumanité?", mais c'est juste différent: on discute pas là bas, on rencontre pas des gens non plus. On mange. Et puis histoire d'être poli, on mange vite, en aspirant ses nouilles bruyamment, pour montrer que chai chô et chai bon. Les quelques conversations qu'il y a se font à voix basse, pour ne pas gêner les voisins. (De toute façon il y a souvent une Japonaise un peu âgée qui répète les commandes avec une voix bien désagréable, tout en accueillant depuis l'autre bout du resto les nouveaux-venus, et en remerciant tout aussi sonorement les clients qui sortent) En plus, globalement, les gens ne cherchent pas plus que ça à rester assis les uns à coté des autres. On mange, et on se retrouve après.



(Un resto de soba, nouilles de sarrasin, où les gens mangent debout: ca dépasse même dehors. Notez les fanions en haut: il y a ça dans la plupart des restos jap's, pendus depuis une tringle en bois, qu'on retire quand le resto ferme.)

Il y a d'autres endroits pour faire des vraies pauses après manger: un grand nombre de cafés, terrasses, d'inspiration occidentale à la starbucks pour ceux qui veulent discuter dehors sous le soleil. On voit aussi pas mal de businessmen dans diverses librairies à lire des mangas/romans/périodiques (des contenus bien souvent douteux, voir illégaux, pour les yeux occidentaux) Par ailleurs, il y a plein d'autres types de restos, pour le weekend ou en soirée, qui sont bien plus sociaux: les izakayas (bar traditionnels japonais), les coins à okonomiyaki où les gens sont tous assis par terre autour du grill, etc... c'est juste que prendre son temps n'est pas dans l'ambiance du midi.

Il y a aussi des exceptions. Les petits endroits à ramen qui sont moins connus sont plus détendus... Il y a plein d'endroits occidentaux qui font fureur: les restos italiens sont apparemment assez "hype" à Chiyoda. Bizarrement la cantine du NII est un peu plus posée: oui évidemment le temps qu'on mange nous, laissera toujours 3 fois le temps à un Japonais rapide de manger, mais certains prennent aussi plus le temps, discutent... On a aussi trouvé un coin sympa où on mange des ramen au comptoir resserré (6 places à tout casser) en face du cuistot qui nous accueille mort de rire avec un bonjoule et nous salue avec un au le voile, tout en nous faisant tenter ses derniers essais.



Et une photo sans rapport pour finir, une.

(Photos: The creative control, Pete Bar-Watson, mako10, The creative control)

Golden Week

mardi 5 mai 2009

J'ai sauté l'explication du Hanami parce que j'avais pas trop le temps, je reporte encore et toujours mes propos sur le Japon insulaire... Je tombe dans le cycle infernal du "ah non je vais pas écrire ça, il faut que je raconte cette autre chose avant". Donc fin au cycle infernal.



Cette semaine, c'est la Golden Week ici. C'est un enchaînement de 4 jours feriés, qui sont mis côte à côte pour avoir une semaine de repos. C'est assez rigolo comme principe. Pas de chance, cette année le premier de ces jours feriés tombait Mercredi dernier, (Showa no hi) et les 3 autres dimanche, lundi et mardi, ce n'était pas terrible pour la semaine de pause. Mais parfois au Japon on sait être conciliants, alors mercredi dernier était ferié, et la semaine courante n'est pas travaillée: les écoles sont fermées, et la plupart des boîtes font le pont =))



Je sais pas si vous pouvez imaginer. Tokyo complètement vide. C'est assez impressionnant. Gaby est seul à bosser à son étage, moi on est que deux. C'est fou de se poser devant une baie vitrée, et de se dire que dans chacun de ces gratte-ciels gigantesques, il y a au plus une personne par étage. C'est vraiment iréel.



Quand je marche dans ces rues vides, à chaque fois j'ai l'impression de me retrouver dans un des ces films qui décrivent une ère post-nucléaire, ou une ville morte, des suites de je ne sais quelle catastrophe. C'est vraiment impressionnant.

En attendant, au moins on travaille dans le calme =)

(Photos: Lincoln, John Batte, Breathing Juice)

Go Apache!

dimanche 29 mars 2009




Aujourd'hui dimanche, je suis allé avec Petr, un collègue Tchèque, voir jouer les Apache5 de Tokyo contre les Phoenix de... je sais pas où. C'est la ligue Pro, les premiers de la conférence contre les deuxième, bref, le top du basket Jap'. Et on a même pas payé, Petr avait deux tickets gratos :)

Et... voilà, c'était un gros gros show, "à l'américaine". Un groupe de 30-40 pom-pom girls qui arrêtent pas de sauter partout, une arène bien grande, impressionné... Mes photos sont particulièrement mauvaises, bluffé par ces projecteurs trop lumineux, mais c'est la vie.

Apparement, dixit Petr, ils jouent avec des règles un peu différentes; mais bon, 5 joueurs de chaque côté qui courent, se passent une balle orange et dunkent, ça ressemble bien à du Basket pour moi.

Un nouveau lien est apparu à droite, c'est le blog de Ceridwen, une toulousaine passionnée de Japon. Je vous conseille vivement le parcours de ses archives, on y trouve de très belles choses sur la culture Japonaise. Pêle-mêle, je relève des explications sur les vues religieuses Jap's, l'étiquette à table, l'écriture Jap', et les izakaya (notre quartier est rempli d'izakayas), des images impressionnantes du métro (mais je n'ai encore rien vu de tel), le caca en or, vu dès notre premier jour à Tokyo, et l'ancêtre de la tecktonik.

Que des petits instantanés de Japon, où je retrouve souvent des situations déjà expérimentées ;)

Lost ?

lundi 9 mars 2009



Il y a quelques jours, j'ai fait tout seul un trajet que je n'avais encore jamais fait: depuis le boulot, je suis allé à Akihabara, temple de l'électronique et des otakus (fans de mangas/animes). Moi je n'avais pas besoin de passer une commande de transistors et d'afficheurs divers, mais "juste" besoin d'un nouveau casque audio, mes écouteurs koss m'ayant lâché.




Du coup, je réfléchis devant le plan pour trouver l'itinéraire métro optimal. Et là, quelque chose que je n'aurais jamais imaginé ici, un cadre en costume, la trentaine, l'air dynamique, me laisse pas 20 secondes pour réfléchir, et m'accoste dans un anglais très correct: "sir, do you need any help ?"

Alors certes, Tokyo, son métro ou ses rues peuvent être tellement complexes, qu'il n'y a pas de secrets, même les locaux s'y perdent. On voit vraiment souvent des japonais arrêtés devant des plans, pensifs et l'air plutôt paumés.




Et évidemment, les étrangers, eux, ont encore plus de mal: si tu n'as pas de chance, tu ne trouveras pas de plans en caractères romains, et tu tomberas sur un plan où sont entremêlés hiraganas, katakanas, et kanjis: et là, même l'étranger 2.0 qui arrive à déchiffrer les syllabaires (hiraganas et katakanas), bredouille 3 mots de japonais, et connaît une poignée de kanjis, risque de ne rien comprendre au plan. Bah oui, vous ne pensiez tout de même pas que les kanjis de lieux allaient être facilement reconnaissables =) Et c'est toujours pareil avec les idéogrammes, si tu sais pas ce que c'est, tu peux pas les prononcer, et... t'es perdu. Ou, mieux, tu peux deviner ce que c'est avec un peu de chance, mais être incapable de le prononcer, et donc de savoir où tu vas. Nous par exemple, on habite à la station 水天宮前, (eau-ciel-temple-devant), mais savoir ce que ça veut dire nous fait une belle jambe si on ne peut pas l'associer au son que l'on connaît, sui-ten-gu-mae.

Donc sur le papier, en tant qu'étranger, dès qu'on sort de nos chemins habituels, on a beaucoup de chances de se paumer, et les japonais en sont conscients: si on coche la case "étranger", ça veut dire "les gens qui bredouillent à peine notre langue et qui sont tout le temps perdu"...

Mais de là à m'attendre à ce qu'on me propose de l'aide... Non, pas au Japon!




Et en fait, si. J'ai été très surpris, vraiment. Laure m'a dit que cela lui était arrivé assez souvent cet été, elle qui voyageait tout le temps seule. (bon, elle triche, c'est une fille, mais quand même.) Bonne surprise!


Et pour les gens pas sur facebook, cet album devrait vous être accessible et vous intéresser: une petite sélection de photos prises ce premier mois.

(Photos depuis flickr: mister bokeh, Rikkya, Danz in Tokyo et stuntman_bob)



Mais si ça se trouve bientôt on pourra faire des photos encore plus mieux que celles qu'on trouve sur flickr. Si, si, j'vous jure.






(Sources: NearDC, Extra Medium, et NearDC )

Une histoire de riz

mardi 3 mars 2009



On mangeait à midi avec un collègue à Gaby, Yoshitaka, qui nous a expliqué une petite anecdote rigolote.

Sur cette image, les trois kanjis de gauche représentent le même mot, avec trois calligraphies différentes: c'est l'idéogramme pour kome (こめ ! Parce que maintenant je sais l'écrire en hiraganas =) ), le riz. Ce site a une planche qui explique d'où vient le pictogramme: il est censé représenter trois tiges de riz coupées qui sèchent au soleil.

À droite, c'est le kanji pour le chiffre 8. Et si on regarde bien, on peut voir le kanji riz comme un assemblage d'une croix droite, , et de deux kanjis "8": l'un à l'endroit, en-dessous de la croix, et l'autre à l'envers, au-dessus! Et pour le coup, étant donné que la croix est le kanji pour les dizaines, ça ressemble fortement à l'écriture de "88", écrit littéralement huit dix huit.




Un proverbe japonais, pour refléter les difficultés de la culture du riz, dit donc que le paysan doit passer par 88 étapes pour produire un grain de riz. Yoshitaka nous explique alors que derrière ce premier sens bénin se cache un deuxième sens: puisqu'il a fallu tant d'étapes pour produire ces grains de riz, c'est une insulte que de laisser du riz au fond de son bol !

Et nous voici tout penauds, Gabriel et moi, avec nos nombreux grains collés sur les parois de nos bols: vu les petites portions qu'on nous sert généralement, on se bat toujours pour récolter tout le riz possible; mais avec des baguettes, c'est pas évident de tout finir :(



Si les raisons sont différentes, le chiffre 8 est aussi un chiffre "chanceux" dans la culture japonaise, tout aussi bien que dans la culture chinoise. Le "8" chinois a presque le même son que le mot "prospérité", mais le kanji japonais 8 est de bonne augure puisque, paraîtrait-il, il "s'ouvre" graduellement. (!) Des fois, on comprend pas tout.

À propos de superstition, si la photo du dessus est rigolote... elle est aussi presque l'image de ce qu'il faut éviter de faire à tout prix en mangeant du riz: planter ses baguettes dans le bol, et les laisser coincées, pointant vers le ciel. C'est exactement la copie d'un des derniers gestes des rites funéraires traditionnels. (un bol de riz est posé en offrande sur l'autel, une paire de baguettes plantées verticalement dedans, offertes aux mains du ciel. Une phrase, qui ressemble à "puisses-tu apprécier maintenant, ce riz que tu n'auras pas pu goûter durant ton vivant" est prononcée, et la famille du défunt partage le riz...) C'est je crois, le geste le plus impoli que l'on peut faire à table, et je pense qu'au moins 3 ou 4 personnes différentes auront insisté lourdement, à des occasions différentes, sur le fait que si il y avait bien une unique règle de politesse à retenir, ce devrait bien être celle-ci.



Et il neige encore aujourd'hui..

(Images: créée depuis Wikimedia Commons; the small print, et Vermin Inc)

Walking on the moon

samedi 14 février 2009

C'est pas bien courant de marcher dans Tokyo. Le métro est _très_ bien développé, alors les gens se baladent en métro, et en vélo. Mais nous, vu qu'on est un peu cons, qu'on aime bien se perdre et passer par des petites rues, et bah on marche tout le temps: en se passant une brique de jus de fruit du p'ti dèj' l'un l'autre (boire au goulot, et partager, "beûrk" font les yeux des Jap's qu'on croise), ou les appareils photos à la main.


En fait la partie Est de la ville - chez nous et autour - est pas mal truffée de bras de mer/canaux/rivières, bref de flotte. C'est assez pratique pour se perdre, parce qu'évidemment tout n'est pas indiqué sur les cartes "de ville". Genre on marche sans trop de but, et puis au bout d'un moment, on tombe sur un bout d'eau/un pont, et on se dit "ah ouais on est là, je me souviens d'avoir vu la carte comme-ci, donc chez nous c'est ce côté-ci, là-bas c'est Ginza, etc...". Sauf qu'on s'est fait eu comme des bleus et qu'en fait c'était un méta-canal pas indiqué sur la carte. Enfin ça va, on commence à comprendre, et on se soigne.

De jour
Crépuscule

Le but de l'aprem' était d'aller voir Ginza, un quartier bien chic: j'avais bien envie de me faire un bain de foule (pour l'instant nos trajets et pérégrinations ne nous avaient emmenés que dans des zones assez peu denses).




Ah, et aujourd'hui, on était dehors.... en T-shirts :)

Kamakura

mercredi 11 février 2009



Aujourd'hui, c'est jour ferié au Japon (Kenkoku Kinenbi, date de la création légendaire du Japon). Petite virée à Kamakura, à environ une heure de train de banlieue depuis le centre de Tokyo. Ancienne capitale de Shogun, c'est rempli de temples et de demeures traditionnelles. Une impression de calme se dégage de cette ville de bord de mer. Jardins zens, forêt de bambous...


On était là-bas avec Syla et -V-, et une amie à eux habitant là-bas: trois guides plutôt bien efficaces :)

Le soir, dîner dans un resto' confidentiel trouvé au fond d'une ruelle sombre grâce à nos nipponisants: assis par terre en face d'un jardin zen, nous dégusterons de délicieux Okonomiyaki, et quelques Saint-Jacques et huîtres grillées, le tout cuit par nos soins sur la table — chauffante ...


Les photos de la journée sont .

The search is over

lundi 9 février 2009

Ça y est, nous voici arrivés à Tokyo.


On a bien eu du mal à dormir, et c'est juste pendant les dernières heures du vol, que crevés, on s'endort tant bien que mal pendant 4 heures.

Ça se goupille plutôt pas mal pour le décalage, puisqu'on arrivait a 9 heures du mat' a Tokyo... On atterrit donc, plutôt crevés, mais sous un grand soleil de début de journée.

Quand le train de banlieue qui nous amène de l'aéroport jusqu'au centre sort de son souterrain, on se trouve une sorte de campagne déserte. Les cultivations et la flore sont très rases, et tout semble plutôt sec... Un poil surprenant.



Et au fur et à mesure, des habitations apparaissent, pas bien hautes, pas bien nombreuses non plus. Ça me fait penser aux maisons de Pak kok, pour les Hong-Kongais et visiteurs. Un, deux étages au plus, avec des formes bizarres, et très clairement une absence totale de plan d'urbanisation globale: les formes, les couleurs, les fenêtres, rien ne semble bien se ressembler. Par contre - fierté japonaise de pouvoir avoir un jardin a montrer - il y a de la végétation entretenue de partout: petits arbres ou buissons tailles quand il y a un peu de place devant la maison; plantes suspendues ou sur le pas de la porte sinon.





Assez rapidement tout de même, la densité urbaine grimpe, et notre train se remplit de plus en plus à chaque arrêt. Il fait beau mais plutôt froid, et quand les portes s'ouvrent, le froid surprend toujours un peu, comparé au train surchauffé où, malgré nos T-shirts, on crève de chaud (il ne doit pas faire bon être écolo ici).

Les champs entrecoupent toujours les agglomérats d'habitations, mais on se rapproche définitivement du centre: on aperçoit un certain nombre de terrains de base-ball (sport national!), et, en lieu et place de nos panneaux publicitaires, des écrans géants qui diffusent de la pub en boucle, vision un peu surréelle pour un paysage pas encore très moderne.

Et puis un moment, les champs disparaissent. Toujours les même petites maisons, mais elles sont maintenant toutes accolées. Les gens sont toujours "assoupis" dans les banquettes de train: on s'endort dès le toucher du siège au Japon, pour se réveiller pile quand ton train s'arrête à la bonne station: adopter ce comportement vous permet, étrangement, de ne pas vous soucier des autres gens, et de ne pas avoir a céder votre siège, par exemple =).


Et bref, après quelques autres changements de métro, on descend enfin dans les rues de Tokyo. Rues... vides.




Alors on s'attendait forcement à voir plus de gens dans les rues, même pour un Dimanche. Okay, c'est Asakusa, c'est un poil excentré; mais tout de même, pour un coin résidentiel, on a vraiment pas l'impression de voir beaucoup de monde. Bon. On a pas trop d'explications encore: les Singapouriens sont dans les shopping malls le dimanche, je ne sais pas encore trop pour Tokyo.


Enfin bref, on pose nos sacs, et pour tenter de lutter contre l'envie de dormir qui monte (il est 10h du matin soit 2h en France), on va se balader. Les avenues rectilignes donnent vraiment une impression d'espace, alors que les petites rues entre les maisons, même très longues, rendent plutôt étriquées.



On passe, coup de bol, par un temple, un jardin zen...

On réussit a marcher jusqu'à l'appartement où on emménagera mardi presque sans se perdre, puis on tire jusqu'à nos bureaux où il nous faudra être le lendemain. Les alentours des jardins impériaux sont fermés à la circulation, pour que les sportifs et les familles puissent circuler en vélo ou à pied: ça donne encore une fois des avenues majestueusement vides.


16h, on prend le métro pour revenir, mais c'est dur, très dur de ne pas s'endormir. Arrivés à l'hostel, on se douche pour tenir un peu, on va marcher dans le froid pour se réveiller, et vers 19h on se couche, exténués.


Le lundi je me réveille avant mon réveil, vers 8h, en pleine forme. On s'est pas trop mal débrouillés avec le jetlag; de toute façon on a pas le choix, on a rendez-vous au NII.





Tokyo, voici donc ce blog renommé avec un magnifique mot-valise. Je rajoute dans la foulée deux liens dans le menu a droite; le blog de Gabliel, et puis celui de Syla, un autre Frenchie en exil à Tokyo: farfouiller dans ses billets donnera en avance un aperçu des bizarreries et originalités que l'on trouvera sur notre chemin.

(Photos: Gaby, pureandapplied, jbaki, cathou_cathare)