Kawaii Overdose

mardi 23 février 2010

Le Japon est un pays de traditions.

Ah, ça, c'est quelque chose que j'entends souvent.
C'est marrant, ça sert à toutes sortes d'excuses: vous comprenez, nous sur notre petite île on avait pas l'habitude de voir des étrangers, alors encore même aujourd'hui on éprouve encore le besoin d'être gratuitement désagréable avec les "outlanders". (Oops, ce blog va finir par devenir un Debito.org --blog militant qui met en avant les discriminations résidents Japonais étrangers versus "vrais" Japonais-- ah ouais en fait non)

Aller, pour commencer cet article sur le bon pied, on reprend à zéro et je vous propose une super bande-son:


Pour référence, c'est le hit toute catégorie, depuis... ah ouais... tant que ça. Donc en fait, depuis un an que je suis ici, j'ai le droit à cette niaiserie plusieurs fois par nuits, à chaque fois que je vais dans... vous savez, un.. "club", ouais ce genre d'endroits de débauche où les gens sont censés danser.
Bon, je vous laisse imaginer les choré trop "kawaiiiiiii" qu'on peut faire sur ce hit.
(En vrai, c'est uniquement quand je vais dans des endroits de mauvais goût, mais l'erreur de jugement est facile à faire et léthale)


Donc, oui, ce billet-ci rentre définitivement dans la catégorie "aigrie". Premier, j'inaugure.

Et principalement à cause du mot "kawaii". Prononcé "Kah-wah-ï". Tendance à faire durer le ï pendant quelques insupportables secondes.
C'est très probablement le mot le plus courant dans le langage "jeune" (<50 ans) de Tokyo. Et c'est un euphémisme, puisque on entend "kawaii", ou son jumeau tout aussi insupportable "sugoï" ("Souh-goh-ïiïïïï"), à longueur de journée.

Franchement, quand j'écoute dans le métro une conversation, avec l'un qui raconte à l'autre une histoire... Autant je sais pas ce que le premier protagoniste raconte, autant prédire les réactions des auditeurs est très, très facile:




La vidéo me fait bien rire, mais... n'est malheureusement pas tant une caricature que ça.
Si je sors un peu de mon ton sarcastique désagréable, je dirais qu'en rajoutant des "so-nan-desu-ka" (ah oui?), "usooo" (oooh trop bien), "are?!" (Uh?/c'est vrai?), "i-desu-ka" (ah oui?) et autres variations au sens profond, je crois que ahhhhhhhhhhhhh on a fait le tour du ahhhhh vocable de base du Japonais noooooooon ahhhhhhh retenez moiiiiii je repars.
Non mais c'est dommage, j'ai pas trouvé de vidéo non-humoristique, mais on entends très souvent des conversations où l'autre personne ne fait que dire: "mm, ah oui? oui, oui. Ahhh oui c'est vrai. oooOOOooh?" gaaaaaaaaah.


Et pour référence, kawaii est un passe-partout pour "mignon, beau, joli, petit", alors que sugoi veut simplement dire "cool, excellent, trop bien, la classe, ça pète sa reum' grave". Un peu dur d'entendre ça trop régulièrement.

J'ai récemment développé une aversion grandissante pour les expressions passe-partout Japonaises, et les habitudes de langue répétitives. À Shibuya un vendredi soir ou un samedi soir, (lieu de rendez-vous de la jeunesse avant de partir chanter/manger/boire dans des bars/karaoke/clubs), si je me ballade autour et écoute les amorces de conversations lors de rencontres, il y a toujours un "hisashiburi", ("ca fait longtemps!", ou plus exactement "long time no see"). Quand je rencontre des connaissances japonaises, même si j'ai vu la personne il y 2 jours, on me sort quand même un "ça faisait longtemppppssss". Ouais, bof.
De même, lorsqu'il fait un tout petit peu froid, on sort à tout va "samui" (sah-mou-ï, ï sec), "'fait froid", et c'est utilisé à tout va au moindre blanc dans la conversation. En fait le vase a débordé quand ce matin, dans la rue, j'ai lu sur les lèvres d'une Japonaise, seule: "samui, samui, samui...". Elle répétait, automatiquement, cette expression, probablement sans faire attention... ahhhh!


À l'inverse, plus j'apprends à traduire les formules de politesse usuelles, plus j'apprécie. J'avais déjà parlé du "sumimasen", qui annonce, très diplomatiquement, "je suis conscient de vous déranger" sans pour autant s'excuser explicitement. Voici maintenant ce qu'un serveur, ou un vendeur vous dira en arrivant vers vous: omataseshimashita. "Je vous ai fait attendre". Encore une fois, la neutralité est pesée: certes, il nous a fait attendre, mais comme il ne pouvait probablement pas faire plus rapide, on se contente de noter "je vous ai fait attendre", toujours sans excuses explicites.

Bref. Arrêtons là les frais, faire la tête ne mène jamais bien loin. Je sais bien aussi, que nous les français, on a très probablement des expressions répetitives agacantes... mais je ne les entends juste pas. En attendant, sus aux Kawaii!

Pour faire un pas vers la réconciliation, je vous propose une photo "grave kawaii", coup de chance, au milieu de la foule du nouvel an chinois: